En 1992, le producteur allemand
Franz Abraham propose au saxophoniste et compositeur
John Zorn, figure centrale de l’avant-garde musicale new-yorkaise, de monter un programme de musiques nouvelles à Munich, berceau du parti nazi.
John Zorn intitule ce programme :
Festival for Radical New Jewish Culture. Il y convie, notamment, le chanteur et guitariste
Lou Reed, les saxophonistes
John Lurie et
Tim Berne, mais aussi les guitaristes
Marc Ribot et
Elliott Sharp, le pianiste
Anthony Coleman, le saxophoniste
Roy Nathanson et la vocaliste
Shelley Hirsch.
Ces artistes, tous juifs, évoluent dans les sphères du rock alternatif, des scènes no wave et punk, des musiques improvisées ou du jazz.
À l’exception du
New Klezmer Trio de
Ben Goldberg, et du septet réuni pour interpréter la pièce
Kristallnacht de
John Zorn, aucun des musiciens invités ne joue de gammes klezmer, et pourtant tous participent à ce programme de « musique juive radicale ». C’est ce paradoxe qui, pour certains, crée précisément la radicalité du festival.
Marc Ribot et
John Zorn rédigent un manifeste qui tente plus largement de retracer la genèse des musiques alternatives du New York des années 1980 à travers des sources juives.
Il y est fait mention d’une « tradition cachée », celle d’un judaïsme subversif, irriguant secrètement les musiques jouées par ces artistes qui refusent de considérer le klezmer comme leur idiome de prédilection.
À la suite de cet événement, des tournées de
Radical New Jewish Music sont organisées à New York et en Europe de l’Est, incluant davantage de groupes de klezmer.
En 1995,
John Zorn crée, à New York, le label
Tzadik, qui propose une collection intitulée «
Radical Jewish Culture ».