Fascinés par la force mystique qui se dégage, à leurs yeux, de rituels pratiqués par les juifs orthodoxes de Brooklyn, certains artistes convoquent, pour illustrer leurs albums, une iconographie dont émane une immédiateté dans la relation au divin, pouvant confiner à l’hérésie. Ils trouvent un équivalent musical à ces pratiques dans les
niggounim, mélodies chantées rituellement par les
hassidim en quête de communion avec Dieu.
Les figures qui peuplent les tableaux de l’artiste d’origine russe
Grisha Bruskin évoquent un univers d’où la raison s’absente pour faire place au rituel magique.
Frank London a trouvé dans ces œuvres une source majeure d’inspiration. D’autres musiciens, tels les artistes sonores
Oren Ambarchi ou
Z’EV, puisent dans les classiques de la mystique juive des principes de combinaison de chiffres et de lettres qu’ils développent ensuite dans leurs œuvres expérimentales. Ils opèrent avec la même liberté que leurs aînés issus de la scène de la
Beat Generation, notamment
Allen Ginsberg, figure tutélaire de ce mouvement et auteur en 1959 du poème
Kaddish, qui s’éloigne de la traditionnelle prière des morts chez les juifs (le
kaddish) pour entraîner le lecteur dans un long tourbillon aux accents méditatifs.